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Rivages de l'existence

L'Océan déserté

En souvenir du Yiddishland

D’un sablier géant
Me voici déversé
Parmi les grains de sable,
Sur une dune échoué,
Sous le ciel échappé
De la gangue du temps.

Je ne suis que visage
Pris entre ciel et terre,
D’où des yeux envisagent
Les mers qui émergent
Des incessants mirages
De l’océan perdu.

Sur l’aride étendue
Par la mer désertée
Perce le chant des baleines
Aux oreilles des scorpions,
Amnésiques hippocampes.
« Ne parlons plus la langue. »

Un Touareg lutte la nuit
Dans une tornade de sable.
C’est un scaphandrier
Se frayant un chemin
Sous les étoiles de ciel,
Poissons des profondeurs.

L’horizon, ce passeur
Par qui fugua la mer,
Fera entrer en transe
Les volutes brûlantes,
Refabriquera la houle
Au pied des cactus, algues
D’un monde évaporé,

Un jour,
Le faisant redanser.

 

Tiré de "Rivages de l'existence" de Serge Farnel
Edition La lyre et la licorne, 2006

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